Saint Rémi formula, la veille du jour où il baptisa Hlodwig (Clovis), le premier
roi franc qui se convertit au catholicisme en 496.
Vers la fin des temps, un descendant des rois francs régnera sur tout l’antique
empire romain. Il sera le plus grand des rois de France et le dernier de sa race.
Il arrivera comme par miracle. Il sera de la vieille cape. Le trône sera posé au
Midi. Après un règne des plus glorieux, il ira à Jérusalem, sur le mont des Oliviers,
déposer sa couronne et son sceptre, et c’est ainsi que finira le saint empire romain
et chrétien.
Testament de Saint Rémi
SAINT RÉMI,PREMIER ÉVEQUE DE FRANCE:Moi, Rémi, évêque de la cité de Reims, revêtu du sacerdoce, ai fait mon testament, conformément au droit prétorien ; j’ai voulu qu’il ait la force d’un codicille, dans le cas où il y manquerait quelque formalité. Quand moi, Rémi, évêque, j’aurai quitté cette vie, je t’institue mon héritière, ô sainte et vénérable Église catholique de la ville de Reims, (…)
[Suit la répartition des biens que possédait Rémi. Au milieu de cette énumération, on trouve ce passage intéressant, car il fait allusion aux miracles accomplis pour le salut des Francs, dont vraisemblablement le miracle de la sainte ampoule :]
A l’égard des villages que mon seigneur d’illustre mémoire, le roi Clovis, que j’ai tenu sur les saints fonts du baptême, m’a donnés en propre, lorsque, païen encore, il ne connaissait pas le vrai Dieu, je les ai consacrés aux lieux les plus pauvres, de peur qu’il ne crût, infidèle qu’il était, que je fusse attaché aux choses de ce monde et moins occupé de son salut que des biens temporels. Il a admiré ma conduite, et a consenti avec bonté et générosité, tant avant qu’après son baptême, que j’intercédasse en faveur de tous ceux qui souffraient .
Comme il a reconnu que de tous les évêques de la Gaule, c’est moi qui ai le plus travaillé à la conversion des Francs, Dieu m’a donné tant de crédit auprès de lui, et la vertu divine, par la grâce du Saint-Esprit, a fait opérer par moi, pauvre pécheur, tant de miracles pour le salut des Francs, que le roi a non seulement restitué à toutes les Églises du royaume tout ce qu’on leur avait enlevé, mais encore en a enrichi beaucoup d’autres de son bien propre, par un effet gratuit de sa libéralité 3. (…)
Que le présent testament, observé fidèlement et inviolablement par mes frères et successeurs les évêques de Reims, maintenu et défendu partout par mes très chers fils les rois de France par moi consacrés au Seigneur à leur baptême, par un don gratuit de Jésus-Christ et la grâce du Saint-Esprit, obtienne à tout jamais une force inviolable et perpétuelle dans ses dispositions, envers et contre tout (…)
Seulement, par égard pour la famille royale qu’avec tous mes frères et co-évêques de la Germanie, de la Gaule et de la Neustrie, pour l’honneur de la sainte Église et la défense des pauvres, j’ai choisie délibérément pour être élevée à tout jamais au sommet de la majesté royale, que j’ai baptisée, que j’ai tenue sur les fonts baptismaux, marquée des sept dons du Saint-Esprit, et sacrée de l’onction des rois, par le saint chrême du même Saint-Esprit, j’ai ordonné ce qui suit :
Malédictions
Si un jour cette famille, tant de fois consacrée au Seigneur par mes
bénédictions, rendant le mal pour le bien, usurpe, ravage ou détruit
les églises de Dieu, et s’en déclare l’ennemie ou la persécutrice, que
les évêques du diocèse de Reims soient convoqués et lui fassent d’abord
des remontrances, qu’ensuite l’Église de Reims, s’adjoignant sa sœur
l’Église de Trèves, aille une deuxième fois trouver le roi. La
troisième fois, que trois ou quatre archevêques des Gaules seulement
soient convoqués et fassent des remontrances au prince, quel qu’il soit
en sorte que la longanimité de la tendresse paternelle diffère jusqu’au
septième avertissement, si les premiers n’obtiennent aucun succès .
Enfin, si au mépris de toutes les remontrances, il ne dépose pas cet
esprit d’obstination incorrigible, s’il refuse de se soumettre à Dieu
et de participer aux bénédictions de l’Église, que tous prononcent
contre lui la sentence de séparation du corps de l’Église, par la
formule que l’on sait avoir été chantée il y a longtemps par le
prophète-roi David, sous l’inspiration de ce même Saint-Esprit qui est
dans les évêques : « Parce qu’il a persécuté l’indigent, le pauvre,
l’homme au coeur contrit, parce qu’il ne s’est point souvenu de la
miséricorde et qu’il a aimé la malédiction, celle-ci lui arrivera ; il
n’a point voulu de la bénédiction, elle s’éloignera » (Ps 108, 16- 18
). Et tout ce que l’Église a l’habitude de chanter de Judas le traître et des mauvais évêques, que toutes les églises le chantent de lui .
Parce que le Seigneur a dit : « Tout ce que vous avez fait au plus
petit des miens, c’est à moi que vous l’avez fait, et tout ce que vous
ne leur avez pas fait, c’est à moi que vous ne l’avez pas fait » (Mt
25, 40 & 45), ainsi ce qui est vrai pour la tête l’est aussi pour
les membres. Il ne faut changer qu’un seul mot par interposition : «
Que ses jours soient abrégés et qu’un autre reçoive l’autorité royale 2
! » (Ps 108, 8.)
Si mes successeurs les archevêques de Reims négligent d’accomplir ce
que j’ai ordonné, qu’ils soient frappés de malédictions et qu’ils
subissent les peines portées contre les princes : « Que leurs jours
soient abrégés, et qu’un autre reçoive leur évêché . »
Bénédictions
Mais si Notre Seigneur Jésus-Christ daigne écouter les prières que je
répands tous les jours en présence de la majesté divine, spécialement
pour la persévérance de cette famille royale, suivant mes
recommandations , dans le bon gouvernement de son royaume et le respect
de la hiérarchie de la sainte Église de Dieu, qu’aux bénédictions que
le Saint-Esprit a versées par ma main pécheresse sur la tête de son
chef, le même Esprit-Saint joigne d’autres bénédictions plus
abondantes, et que de lui sortent des rois et des empereurs qui, pour
le présent et pour l’avenir, selon la volonté du Seigneur, confirmés
dans la vérité et la justice pour l’extension de la sainte Église,
puissent conserver le royaume et en reculer chaque jour les limites ;
puissent-ils être élevés aussi sur le trône dans la maison de David,
c’est-à-dire dans la Jérusalem céleste, pour y régner éternellement
avec le Seigneur. Ainsi soit-il .
Fait à Reims même jour que dessus, et sous le consul sus-nommé, en présence et avec la participation des soussignés :
+ Moi, Rémi, évêque, j’ai relu, signé, scellé et fermé ce testament,
avec la grâce de Dieu, au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit.