La plus ancienne des prophéties qui se rapportent encore aux temps actuels est celle de Saint Césaire d’Arles (470-542). Elle fut découverte parmi les papiers de Mgr Du Lau, dernier archevêque d’Arles, mort pendant la révolution de 1789. Le texte original est en latin et fut traduit par Elie Daniel.
1. Au Dieu Tout-Puissant tout seul il appartient de connaître d’avance les choses
futures, et le lait salutaire des prophéties provient uniquement de ce Dieu aussi
tendre que puissant. « Donc, dit l’Apôtre, ne méprisez pas les prophéties
« . Mais tandis que nous nous mouvons et nous vivons, le temps présent, ce
ravageur infatigable, nous absorbe. Ignorant l’avenir et très imprévoyants, nous
consumons en vain le cours si restreint de notre existence. Malheur à celui qui
ne songe plus à édifier dans son cœur une habitation éternelle ! Le Seigneur a réfléchi
et il a accompli tout ce qu’il a annoncé. Vous êtes en effet, Seigneur, le seul
Très-Haut, puissant, véridique et le Créateur fécond de toutes choses. A travers
la succession des années innombrables qui s’accumulent avec une puissante impétuosité
jusqu’au Jugement dernier comme les vagues de la mer sur les sables des rivages,
combien de graves événements s’accompliront !
2. Bientôt la cité sera atteinte par une horrible peste qui entraînera le pasteur
zélé.
3. Mais un autre pasteur arrête, par sa ferme dignité, un autre ennemi plus cruel
et le persuade de réparer les dommages qu’il a causés à la ville Sainte.
4. Oh, troupes barbares de diverses nations !
5. La Gaule frémit au courroux des femmes. Mieux vaut habiter sur une terre déserte
qu’avec une femme querelleuse et irascible.
6. Bienheureuse notre Arles, de laquelle, comme d’une fontaine sacrée, la terre
étrangère reçoit les ruisseaux de la Foi.
7. L’infâme guerre agite la ville et la Gaule. Fuyez, ennemis. Un marteleur vigoureux
frappe de toutes parts fortement de son marteau formidable, laissant à un illustre
empereur le gloire de dompter les Arabes.
8. Gaule infortunée, pourquoi te plonges-tu en des vices exécrables ? Pleure, frappe
ta poitrine, crie vers le Ciel pour détourner la colère divine.
9. Plusieurs fois la pieuse foule des chrétiens court à la délivrance du premier
tombeau du monde. Mort impitoyable, pourquoi frappes-tu le futur patron de la gaule
?
10. De la Germanie orientale, une ancienne hérésie se précipite comme un torrent
impétueux vers la province du midi. Voilà l’homme du Seigneur qui, vêtu des armes
maternelles, avec ses compagnons, la terrasse et la broie.
11. Contemplez les saintes milices de la pauvreté auxquelles se joignent, après
quelques siècles, les intrépides porte-drapeaux de Jésus-Christ. Le moins insolent
les redoute.
12. Hélas ! la barque de Pierre, armée en guerre, navigue sur notre fleuve. Plusieurs
pilotes, batailleurs insensés, s’en disputent le gouvernail.
13. Vous avez examiné vos voies et votre vœu secret est miraculeusement stimulé
par la parole d’une vierge. Réjouis-toi, Jérusalem, voilà ton Roi te rend la couronne
immortelle.
14.Approchez, ensevelisseur sans entrailles. Les cadavres tombés gisent entassés.
Déjà, ils répandent une odeur fétide et les oiseaux du ciel s’en nourrissent.
15. La guerre, la famine, la peste, une soudaine inondation rendent la ville déserte
et semblable à une cabane de jardinier.
16. Qui nous a armés contre des frères aveuglés ?
17. Revenu de l’hérésie à la foi catholique, le chef béarnais fait éclater la splendeur
triomphante de la vérité.
18. Frappé d’un coup de poignard, le père dévoué du peuple meurt, je le vois.
19. Comme éclate partout un soleil brillant, ainsi, sous un puissant monarque, la
gaule domine le monde entier et ses frontières se dilatent. Ensuite, en Provence,
peste homicide.
20. L’esprit public et les mœurs sont subtilement envahis par un poison rapide et
prompt. Un aspic cruel, caché sous les fleurs de la littérature, ronge les saints
autels souillés et le très antique trône.
21. Aux meurtrières clameurs d’une liberté menteuse, la maison de Dieu est attaquée.
La nation française se couvre d’un éternel déshonneur par les crimes les plus atroces.
La tête du plus doux des princes, de ses proches, de ses amis, roule d’en haut dans
le sang. Un gouffre de sang innocent est ouvert immense. Anges de la Gaule tremblants,
comblez-le avec des montagnes et des collines. Notre Sauveur si pur est détrôné
par une chair immonde. O impitoyable envie de l’Enfer ! Horreur ! Exécration ! Dévastation
!
22. Du sein de la Méditerranée, sort un capitaine illustre qui relève la Croix salutaire
et recueille, en ses mains guerrières, les brebis du sceptre. Comme l’aigle, il
vole et monte avec trop d’orgueil. Il presse le Saint des Saints de ses serres aiguës.
C’est en vain. Lui-même est enchaîné et rompt audacieusement ses fers une fois.
Mais la fortune contraire le lie au milieu des eaux jusqu’à la mort.
23. Les infortunés descendants des rois reviennent, la paix est rétablie et une
grande joie s’empare de la foule. Mais les fils du mensonge traînent clandestinement
des projets de trahison. Tandis que le sol barbaresque est dominé par le drapeau
blanc victorieux, les Capétiens tremblants, ignominieusement trahis et l’enfant
prédestiné sont poussés en exil par une soldatesque furieuse. 24.
Tu as volé le trône, homme pervers ! Tandis que le vent de la prospérité souffle
sur toi, tu prendras la fuite avec ta race.
25. Sang et carnage ! Le mépris de la foi, les fraudes honteuses, l’improbité des
mœurs, les attaques contre l’église de Dieu hurlent comme des bêtes farouches. «
O Seigneur, ne leur livrez pas les âmes de vos serviteurs fidèles « .
26. L’Aigle vole une seconde fois et porte la guerre au delà des Gaules. Tous les
fléaux du Tout-Puissant tombent sur les hommes impies. Tous les éléments sont bouleversés.
La terre tremble en plusieurs lieux et engloutit les vivants. Les fruits du sol
diminuent. Les racines sont privées de l’humidité nécessaire. Les semences pourrissent
dans les champs et celles qui germent ne produisent rien. L’air est corrompu et
sa direction naturelle est presque partout changée. A cause des maladies pestilentielles
une mortalité subite et variée attaque les hommes et les animaux.
27. Vers ce temps-là, le monastère des vierges, réédifié depuis peu, est, de nouveau,
ruiné par des membres de l’Eglise, bientôt châtiés de Dieu par de graves maladies.
28. Quel est ce roi de fureur, fanfaron, accourant de l’Aquilon avec une nombreuse
armée de cavalerie et de fantassins ? Il ravage et purifie la Gaule infidèle à son
Dieu et à ses princes.
29. Affaibli et délaissé, l’aigle laisse tomber le sceptre de ses serres débiles
et disparaît à jamais.
30. Horrible cliquetis d’armes.
31. Le fer et le feu enserrent la Babylone de la Gaule, qui tombe dans un grand
incendie, noyée dans le sang.
32. Puis la seconde ville du royaume et encore une autre seront détruites.
33. Alors brille l’éclair de la miséricorde divine, car la justice suprême a frappé
tous les méchants.
34. Il arrive, le noble exilé, le donné de Dieu. Il monte sur le trône de ses ancêtres
d’où la malice des hommes dépravés l’avait chassé. Il recouvre la couronne de lis
refleuris. Par son courage invincible, il détruit tous les fils de Brutus, dont
la mémoire sera à jamais anéantie. Après avoir posé son siège dans la ville pontificale,
le roi de Blois relèvera la tiare papale sur la tête d’un saint pontife abreuvé
par l’amertume des tribulations qui obligera le clergé à vivre selon le discipline
des âges apostoliques. Tous deux unis de cœur et d’âme feront triompher la réformation
du monde. O très douce paix ! Vos fruits se développeront jusqu’à la fin des siècles.
Amen.
Apres que l’univers entier aura été en proie à des tribulations si grandes et si
multipliées que les créatures de Dieu en tomberont presque dans le désespoir, un
Pape choisi parmi les cardinaux qui auront échappés à la persécution de l’Eglise
sera élu par la volonté de Dieu, et cet homme très saint et parfait en toutes perfections
sera couronné par les saints anges, et placé sur le Saint-Siège par ses frères qui,
avec lui, auront survécu aux persécutions de l’Eglise et à l’exile. Il réformera
tout l’univers par sa sainteté, et ramènera tous les ecclésiastiques à l’ancienne
manière de vivre des disciples de Jésus-Christ, et tous le respecteront à cause
de sa sainteté et de ses vertus. Il prêchera partout nu-pieds, et ne craindra point
la puissance des princes aussi en ramènera-t-il plusieurs au Saint-Siège après les
avoir tirées de leurs erreurs et de leur vie coupable ; il convertira presque
tous les infidèles, mais principalement les Juifs. Ce pape sera secondé par un empereur,
homme très vertueux, qui sera des restes des français, et qui l’aidera et lui obéira
en tout ce qui sera nécessaire pour réformer l’univers. Sous les règnes de ce Pape
et de cet empereur tout l’univers sera réformé, parce que la colère de Dieu s’apaisera.
Ainsi il n’y aura plus qu’une loi, une foie, un baptême, une manière de vivre. Tous
les hommes auront les mêmes sentiments et s’aimeront les uns les autres. Et la paix
durera pendant de longues années. Mais après que le siècle aura été reforme, apparaitront
plusieurs signes dans les cieux, et la malice des hommes se réveillera ; ils
retourneront à leurs anciennes erreurs et iniquités, et leurs crimes seront encore
pire que les premiers : c’est pourquoi Dieu amènera et avancera la fin du monde.
Et voila la fin.