Thérèse Neumann est née le vendredi 8 avril 1898 à Konnerseurth en Bavière en Allemagne, et elle est morte le 18 septembre 1962 au même endroit.
Résumé de sa vie
Ses parents étaient modestes. Après la mort d'un premier garçon, elle devint l'aînée de neuf enfants. Elle avait pour confesseur l'abbé Joseph Naber, curé de Konnerseuth de 1909 à 1960, qui sera tout au long de sa vie son soutien spirituel et son directeur de conscience. C'est à lui seul qu'elle déclara avoir eu une vision le jour de sa première communion et avoir reçu le don de voir sa communion spirituelle se transformer en communion sacramentelle.
Dès l'âge de quatorze ans, elle entra au service d'un cultivateur-aubergiste du village comme fille de ferme durant la journée et travaillant le soir dans le café et la salle de danse de l'auberge. Elle économisait pour se constituer le trousseau nécessaire à son entrée au couvent.
Le 10 mars 1918, en soulevant de lourds seaux d'eau pour aider à combattre un incendie, elle se démit les deuxième et troisième vertèbres. Elle continuait cependant son travail. Mais au mois d'avril suivant, à la suite d'une chute qui occasionna une blessure à la base du crâne, elle perdit progressivement la vue. Commença alors un long calvaire, marqué par une série de nouvelles chutes accidentelles jusqu'en mars 1919, qui entraînent une luxation vertébrale, des convulsions, et une totale cécité accompagnée de douleurs intolérables.
Cet accident et les terribles maladies qui lui succèdaient l'empêchèrent de réaliser sa vocation religieuse, et anéantissaient son rêve d'apostolat missionnaire en Afrique.
Ses maux s'aggravaient rapidement : elle était sujette à des crampes violentes, ses mains et ses pieds se crispaient, sa tête se renversait en arrière. Les syncopes l'obligeaient à rester clouée au lit pendant six ans et demi à partir d'octobre 1918.
Une paralysie gagnait ses membres inférieurs, tandis qu'elle devenait sourde et muette par périodes, et qu'apparaissaient des escarres et des plaies purulentes dans le dos et le pied gauche, suivies par la gangrène.
Six médecins successifs furent impuissants à la débarrasser de ces effroyables maux.
Thérèse passait ses journées en prière, mais un jour advint le miracle de la guérison en présence du Père Naber qui le raconta ainsi : « Thérèse décrivait la vision d’une grande lumière, tandis qu’une voix d’une extrême douceur lui demandait si elle voulait guérir. La réponse surprenante de Thérèse fut que tout était bien pour elle, ou guérir ou rester malade ou même mourir pour que la volonté de Dieu fût accomplie. La voix mystérieuse lui dit encore qu’elle aurait la joie de sa guérison, mais qu’elle aurait à souffrir encore beaucoup. »
Elle guérit miraculeusement de sa cécité, d'une gangrène au pied gauche, des lésions vertébrales, de la paralysie et des plaies suppurées du dos, d'une appendicite purulente, d'une double pneumonie, d'un accident vasculaire cérébral dans des conditions qui font dire aux témoins qu'il s'agissait d’un miracle.
Thérèse Neumann aurait reçu le stigmate du cœur le vendredi de Carême, 5 mars 1926, au cours d'une extase.
Le vendredi saint suivant, 2 avril 1926, elle aurait eu une nouvelle vision de la Passion du Christ (qu’elle vit 700 fois en tout), et des stigmates sur le dos des mains et des pieds.
Le vendredi saint, 15 avril 1927, des stigmates aux faces internes des mains et des pieds, puis, la même année, huit stigmates de la couronne d’épines au milieu du cuir chevelu.
Elle voyait aussi des scènes de l’ancien et du nouveau Testament.
Puis, pendant le Carême 1928, le stigmate du portement de Croix à l'épaule droite, le vendredi saint, 29 mars 1929, les stigmates de la flagellation.
Toutes ces plaies qui saignaient régulièrement ne cicatrisaient pas, ne suppuraient pas mais étaient très douloureuses. Elle devait porter des chaussures spéciales pour pouvoir marcher.
Des larmes de sang auraient accompagné ses visions de la Passion du Christ tous les vendredis.
Le vendredi saint 30 mars 1956, sept à huit mille personnes assiègent la maison des Neumann dans l'espoir d'assister à l'extase douloureuse et sanglante de la stigmatisée.
À partir de 1927, Thérèse Neumann connaissait une certaine réputation qui attirait les pèlerins et les curieux dans le petit village de Konnersreuth. Les phénomènes extraordinaires dont elle était l'objet suscitèrent beaucoup d'intérêt, l'obligeant à répondre à des demandes d'entretiens, à un volumineux courrier et à des visites ; les soupçons de supercherie et les doutes se répandaient chez les adversaires de la thèse mystique, certains ayant posé le diagnostic d'hystérie.
L'évêque de Ratisbonne, Mgr von Henle, soumetta donc Thérèse Neumann, du 13 au 28 juillet 1927, à une enquête afin de vérifier l'authenticité de son inédie.
En effet, pendant 36 ans, Thérèse Neumann n'aurait absorbé aucun aliment, solide ou liquide, sauf environ deux grammes d'hostie pour sa communion quotidienne.
Ce jeûne absolu aurait commencé le 6 août 1926, après la vision du Christ transfiguré : « J'ai laissé toute faim et soif sur le Tabor », déclare-t-elle.
Afin de prouver scientifiquement cette inédie, elle fut soumise à une observation durant quinze jours, en 1927, sous la direction des docteurs Otto Seidl, son médecin traitant, et Ewald, professeur de psychiatrie à l'université d'Erlangen (ce dernier opposé à la thèse de causes surnaturelles), et sous la surveillance de quatre infirmières franciscaines assermentées qui avaient pour mission, entre autres, de ne jamais la quitter des yeux, vingt-quatre heures sur vingt-quatre.
Le procès-verbal de cette enquête conclut que durant ces quinze jours, Thérèse Neumann n'avait absorbé que 0,33 grammes d'hostie, environ 45 cm3 d'eau, que son poids était resté identique, et que l'analyse de son sang ne révélait aucun indice d'abstinence.
Le régime d'Adolph Hitler, qu'elle avait embarrassé dès 1933 avec ses prédictions sur les "graves péchés à venir de l'Allemagne", avait tout tenté pour prouver que Thérèse Neumann n'était qu'une pure fraude.
En 1938, on l'enferma pendant 15 jours, sans la nourrir, sous la surveillance militaire des médecins nazis et malgré les oppositions de la famille. Mais Thérèse Neumann avait déjà cessé de s'alimenter dès 1923 (et cela jusqu'à sa mort en 1962 ).
Elle revivait la Passion du Christ chaque vendredi, discutait en permanence avec son ange gardien, et parlait en araméen alors qu'elle n'avait pas dépassé le cours élémentaire.
La conclusion rapportée par le professeur Martini fut « état d'hystérie grave avec tous les phénomènes inhérents à la maladie, y compris la part habituelle de simulation ». Ce qui ne les empêcha tout de même pas de lui retirer sa carte alimentaire, et de lui accorder une double ration de savon pour laver son linge inondé de sang tous les vendredis.
Un autre de ses détracteurs, Michael Waldmann, professeur de théologie à Regensbourg affirmait que le sang qui coulait de son corps n'était qu'une supercherie car en réalité il provenait de ses règles.
La journaliste allemande, Anni Spiegl, qui fut l'une de ses proches rapporte que malgré tous ces outrages, elle gardait un sens de l'humour bien terre à terre.
Elle a ainsi remis à sa place un sceptique qui lui parlait d'autosuggestion :
- « Vous vous êtes imaginée ces stigmates à un tel point qu'ils se sont produits... »
- « C'est évident ! » répondit Thérèse Neumann. « Imaginez à votre tour que vous désireriez avoir des cornes, elles vous pousseront probablement sur la tête. »
Thérèse Neumann disait avoir la faculté de voir des lieux où elle ne se trouvait pas physiquement (ubiquité), et d'assister à des évènements religieux, comme la proclamation à Rome du dogme de l'Assomption ou des journées de Lourdes.
L'abbé Naber a rapporté dans son journal, à la date du 14 décembre 1930 qu'elle aurait suivi, dans des conditions surnaturelles, une messe qu'il avait célébrée à Berlin.
D'autres témoignages du même ordre ont été apportés par le docteur Johannes Steiner.
Un cas certifié par les témoignages, relatent l'histoire d'un désespéré qui voulait se jeter sous un train. Au moment de se précipiter alors que le train arrivait à toute vitesse, celui-ci sentit quelqu'un le tirer vers l'arrière. C'était Thérèse Neuman. Elle l'incita fortement à aller trouver le curé Naber.
Pour coopérer au salut des âmes, Thérèse Neumann disait assumer dans son corps les souffrances, les maladies et les péchés d'autrui. Ces pécheurs et malades s'en seraient ainsi aussitôt trouvés soulagés ou guéris.
Dans une lettre à une amie religieuse, elle écrivait, le 7 novembre 1924 : « Je prie et offre beaucoup de mes souffrances pour vous toutes […] J'offre au Père céleste la Passion de Jésus-Christ, ainsi que les mérites de ses saints et de toutes les âmes droites sur la terre. »
Avec l'accession au pouvoir d'Hitler, Thérèse Neumann et sa famille subissaient maintes tracasseries.
Mais Adolph Hitler, trés supertitieux, croyant à l'astrologie, aux voyantes et aux horoscopes, avait décidé charger le Gauleiter Holtzerschuber de veiller à ce que Thérèse Neuman reste en vie. Il redoutait qu'il lui arrive malheur par sa faute, ainsi que les remous qui auraient été provoqués par sa disparition.
Selon Jean Prieur, elle aurait prédit, dans les années 1930, que la chute du régime d'Hitler serait inéluctable et spectaculaire.
Il affirme également qu'un visiteur aurait eu l'idée de placer entre ses mains une carte postale représentant Adolf Hitler alors qu’elle était en extase. Ses sens physiques étant abolis, c’est instinctivement qu'« elle rejeta la photo, comme si ce contact la brûlait », et s'écria, horrifiée : « Fumée et feu de l'Enfer ! ».
Thérèse Neumann avait prévu les persécutions subies par Ingbert Naab par la Gestapo et l'aurait aidé à s'y soustraire, et elle lui aurait prédit aussi le lieu de sa mort au couvent de Königshofen près de Strasbourg.
Vers la fin de la guerre, les S.S. et les S.A. nazis tentèrent même de l'assassiner, le 20 avril 1945, mais ne la trouvant pas, ils bombardèrent le village et l'incendièrent.
Quelques heures plus tard, les forces américaines empêchaient la destruction totale du village et pendant neuf jours, placèrent une double garde pour veiller sur Thérèse Neumann et sa maison.
Durant l'été 1962, l'évêque de Ratisbonne, Mgr Rudolph Graber, lui exprima son désir d'édifier un monastère d'adoration dans son diocèse. Après un séjour à Eichstätt, en août puis en septembre 1962, Thérèse Neumann, qui s'investissait pleinement dans ce projet, s'attacha à réunir des fonds pour la construction de ce couvent. Elle était pourtant souffrante de graves malaises dus à l'angine de poitrine.
Elle choisit la congrégation religieuse des Sœurs de Marie du Carmel pour ce couvent appelé "Theresianum" en l'honneur de sainte Thérèse de Lisieux, sa protectrice.
Le vendredi 14 septembre 1962, jour de l'Exaltation de la Sainte Croix, apparurent des stigmates et une vision de l'empereur byzantin Héraclius qui rapportait la Croix du Christ à Jérusalem ; le 15, elle fut terrassée par un infarctus du myocarde.
Elle décèda le 18 septembre 1962 à 64 ans. Pendant quatre jours, Thérèse Neumann fut exposée sur son lit mortuaire, et des milliers de personnes défilèrent pour la voir une dernière fois.
On estime que le 22 septembre 1962, pour ses funérailles, le village de Konnersreuth a été envahi par une foule d'environ 7 000 personnes.
La singulière mystique qu'était Thérèse Neuman sucita prés de 700 livres et articles de presse consacrés à son sujet de son vivant.
Description de l’Annonciation par Thérèse Neumann :
Un de ses biographes, le docteur Johanes Steiner qui se trouvait à ses côtés, le 25 mars, à 9h12, écrit :
"Thérèse voit une jeune femme, qui semble être encore une jeune fille, dans une petite maison en train de prier. Soudain, un homme lumineux apparaît à ses côtés.
Il n'entre pas, il est "là".
"Avec des grandes ailes ?", lui demandais-je, dans le but de l'égarer.
Elle répond : "Qu'est-ce-que vous croyez ? Cet homme lumineux n'a pas besoin d'ailes".
L'homme s'agenouille devant la jeune fille apeurée et dit "Shelam elich, Miriam, gaseta..."
D'autres mots suivent.
Je dis : "Attendez un moment, qu'est-ce qu'il y a après gaseta ?".
Elle réfléchit un instant puis répond : "Vous n'avez qu'à écrire plus vite, je ne sais plus" (le docteur Wessley, linguiste, expert orientaliste autrichien, avait confirmé que Thérèse Neumann parlait bien l'araméen pendant certaines de ses visions).
C'est l'annonce de l'Ange Gabriel (Steiner a bien écrit "Ange" au lieu de "Archange" signifiant qu'il n'était guère familier avec les Écritures).
Marie, toujours effrayée à en croire son expression, reprend un peu confiance, regarde attentivement la légère lumière ressemblant à un homme mais qui brille d'elle-même.
Elle l'interrompt pour poser une question et l'Ange lui répond.
Lorsqu'il a fini, la Vierge incline sa tête et dit quelques mots.
Au même moment, Thérèse Neumann voit une puissante lumière provenant d'en haut entrer dans la Vierge pendant que l'Ange, après s'être incliné une seconde fois, disparaît dans l'air".