Du tiers-ordre de saint Dominique, née en 1347, morte
en 1380. Sainte éminente entre toutes, la séraphique vierge
de Sienne fut vraiment la mère de l'Église romaine, à la
fin du XlV siècle: toute sa vie n'a été qu'une ardente prière,
qu'une immolation continuelle, qu'une croisade infatigable
pour le salut de la papauté qu'elle ramena d'Avignon dans
la ville éternelle.
Aussi Rome reconnaissante l'a-t-elle choisie pour sa
patronne. L'une de ses splendides basiliques, l'église de la
Minerve abrite sou tombeau où avec la foule des pèlerins,
nous avons bien des fois eu le bonheur de venir prier.
Martyre des douleurs de l'Église, Catherine devait aussi
en entrevoir les splendeurs futures. Écoutons à ce sujet
son propre confesseur.
I. — Au moment où la plupart des villes
et des terres qui appartenaient à l'Eglise romaine
s'étaient révoltées contre le Souverain-Pontife Grégoire XI, en 1375, Catherine
était à Pise où je l'avais accompagnée, raconte
le bienheureux Raymond de Capoue 1.
Elle s'associa à notre douleur et déplora la
perte des âmes et le grand scandale qui affligeait
l'Eglise ; mais voyant ensuite que nous
nous laissions trop abattre, elle nous dit pour
nous calmer : « Ne répandez pas sitôt vos
larmes, car vous aurez bien à. pleurer : ce
que vous voyez maintenant n'est que du lait
et du miel en comparaison de ce qui suivra. »
Elle ajouta, en parlant du grand schisme
d'Occident et de ses suites : « Ce ne sera pas
réellement une hérésie, mais ce sera comme
une hérésie qui divisera l'Eglise et la chrétienté
; ainsi préparez-vous à la patience, car
il vous faudra voir ces malheurs. »
II. — Mais, poursuit le bienheureux Raymond, afin que vous ne disiez pas comme
Achab disait autrefois de Michée : « Tes prophéties
annoncent toujours le mal et jamais
le bien, » je veux, après ce qui est amer, vous
offrir ce qui est doux, et je tirerai pour vous
du trésor très-pur de la Bienheureuse les
choses passées et les choses futures.
Comme je désirais plus tard, à Rome, en savoir davantage,
elle me répondit :
« Quand ces tribulations et ces épreuves
seront passées,Dieu purifiera la sainte Eglise
par des moyens inconnus aux hommes; il
réveillera les âmes de ses élus, et la réforme
de la sainte Eglise sera si belle, le renouvellement
de ses ministres sera si parfait, qu'en
y pensant mon âme tressaille dans le Seigneur.
Je vous ai bien souvent parlé des
plaies et de la nudité de l'Épouse du Christ ;
mais alors elle sera éclatante de beauté, couverte
de joyaux précieux et couronnée d'un diadème de vertus ; les peuples fidèle se réjouiront
d'avoir de si saints pasteurs, et les
infidèles, attirés par la bonne odeur de Jésus-
Christ, reviendront au bercail et se donneront
au chef et à l'évêque de leurs âmes. Rendez
donc grâces à Dieu de ce grand calme qu'il
voudra bien accorder à son Eglise après la
tempête. »
Les auteurs ecclésiastiques qui rapportent
cette prophétie, Rohrbacher notamment, l'entendent
des temps qui se préparent, et dont
les événements actuels sont comme le douloureux
enfantement.